Merci encore à Cixilaelia pour sa bêta lecture ainsi qu’à Kyoko, Adeline, Raystlin et Margot pour leur aide biblique. Merci à Deadly pour sa 2e bêta
Chapitre 1: Les origines du Monde
Partie 2: L’annonce
Le commandant Eleazar repartit à son office et commença la fastidieuse tâche de la consultation des téléphones. Elle découvrit vite ce qu’elle cherchait : les numéros de téléphone des enfants. Elle commencerait d’abord par celui qui devait certainement habiter l’Angleterre.
– Hy ?
– Mister Adam Samson ?
– Yes, himself.
– Commandant Eleazar on the phone. I’m calling from France. Are you still leaving in England?
– Non, Commandant, j’habite Paris maintenant. Que puis-je faire pour vous ?
– Êtes-vous seul dans un endroit au calme Monsieur ?
– Si pour vous mon bureau répond à cette description, alors oui c’est bien le cas.
– Je dois vous annoncer une bien triste nouvelle Monsieur… Vos parents, Maria et Noah Samson, ont été victime d’un accident.
Un hoquet d’horreur se fit entendre à l’autre bout du combiné.
– … Ils vont bien ? Ils sont à quel hôpital ?
– Je suis sincèrement désolée Monsieur Samson, mais vos parents ne s’en sont pas sortis. Ils sont décédés sur le coup, ils n’ont pas souffert.
– …
– Êtes-vous toujours à l’appareil Monsieur Samson ?
– Oui…
– Je suis navrée d’en ajouter encore plus à votre peine mais je dois vous demander de descendre demain sur Lyon afin d’identifier les corps. Je vous conseille de prendre une semaine de congés. Nous pouvons vous permettre de rencontrer une psychologue si vous le souhaitez.
– Entendu.
La voix de Monsieur Samson était étranglée, blanche même. Abigail était peinée de devoir être la voix par qui une vie venait de se briser. Mais elle devait poursuivre son enquête. Après lui avoir fournit l’adresse et la liste des documents qu’il devait apporter, elle poursuivit son interrogatoire.
– Monsieur Samson, avez-vous perçu un changement chez vos parents récemment ?
– Non, pas que je sache. Je les ai vus il y a 3 jours car ils partaient dans le sud de la France pour des vacances et ils paraissaient normaux. Mais ils habitaient la plupart du temps Oxford.
– L’un de vos parents ou les deux étaient ils déprimés depuis quelques temps ?
– Non, absolument pas. Ce sont des personnes d’une humeur égale.
– Savez-vous si Monsieur ou Madame Samson avait eu des différents avec une ou plusieurs personnes ? ou encore reçu des menaces ?
– Ils ne m’ont jamais fait part d’une quelconque menace. Je ne leur connais pas d’ennemis. C’était des personnes appréciées. Pourquoi me posez-vous cette question ? Je croyais qu’ils étaient décédés dans un accident de voiture ?
– C’est exact Monsieur. Mais nous avons des raisons de penser que l’accident puisse être d’origine criminelle. C’est-à-dire que l’accident pourrait être volontaire. J’aurais donc besoin d’avoir votre déposition, après l’indentification de vos parents.
– …
– …
– C’est noté. Je serais là demain à 14h.
– Je vous attendrais.
– Je raccroche alors.
– Attendez, Monsieur Samson !
– Oui ?
– Ne restez pas seul s’il-vous-plait. Et ne faites pas de bêtises. Vos parents ne souhaiteraient pas cela, j’en suis sure. Je reste bien sûr joignable à tout moment.
– Merci Madame, je ne ferais rien de stupide d’ici là.
Abigail raccrocha, à la fois soulagée que ce pénible moment soit passé et tendue par l’émotion que son annonce avait suscitée. Il était temps maintenant de rejoindre l’autre enfant.
Lasse, elle appela rapidement la psychologue rattachée à l’aide aux victimes, puisque l’annonce du décès, quand les proches étaient sur place devait se faire en binôme avec une personne habilitée à gérer les crises émotionnelles et psychologiques. Elle devait se dépêcher avant que les médias reprennent l’affaire et prévienne le malheureux enfant avant elle, ce qui lui aurait valu un blâme. Or les victimes lui avaient toujours tenu à cœur. C’était sa priorité, et elle ne négligeait jamais une victime. Malheureusement, il n’y avait jamais de bonne manière d’annoncer ce genre de choses.
Helena rejoignit Abigail devant la porte. La psychologue était une femme de taille moyenne, les cheveux châtain clair et mi-long, un nez légèrement busqué. Elle était vêtue de façon sobre, classique même avec des couleurs passe partout. Son visage était plutôt strict mais sa voix était douce. Elles partirent toutes deux vers le domicile d’Yves Lazarus.
Il était dix huit heures passées, et le jour commençait à décliner lentement, comme fuyant la perte inévitable de la bataille contre la nuit.
Les deux femmes se garèrent dans la contre allée de la Cité Internationale du sixième arrondissement de Lyon et sortirent de la voiture. C’était un quartier cossu et extrêmement prisé des lyonnais de part son exceptionnel emplacement. Celui-ci était au centre ville sans pour autant être au cœur, accessible par tous les moyens de transports en communs qu’offrait la ville : métro, tramway et bus. La Cité Internationale, au cœur de cet arrondissement, donnait sur l’immense parc de la tête d’or. Le parc d’inspiration anglo-saxonne, d’une superficie de 16 hectares, comportait un jardin zoologique ainsi qu’un jardin botanique contenant une magnifique roseraie. Le soleil de fin d’après-midi venait mourir sur l’eau paresseuse du lac qui trônait au centre du parc, là où divers oiseaux venaient faire escale pour se reposer et se désaltérer.
L’immeuble situé sur le quai surplombant le parc était récent, avec un design simple mais élégant et luxueux.
Le commandant et la psychologue sonnèrent au numéro 6.
– Monsieur Lazarus ?
– Oui ?
– Commandant Eleazar. Je suis inspectrice. Je suis accompagnée de ma collègue Helena Maslow. Pouvons-nous entrer ?
– Bien évidement. Je suis au dernier étage. J’espère que je n’ai rien fait de grave ?
– Non Monsieur. Nous montons de ce pas.
Un déclic déverrouillant la porte se fit entendre et les deux femmes pénétrèrent dans le hall de l’immeuble. Elles se dirigèrent vers l’ascenseur et appuyèrent sur le 4e étage.
Au sortir de l’ascenseur, elles tombèrent sur un étage uniquement consacré pour un appartement comme une sorte de suite d’hôtel privatisée. Une porte en son milieu était ouverte sur un jeune homme à l’air avenant et joyeux. Il se décala légèrement pour faire entrer les deux coéquipières.
– Asseyez-vous, je vous en prie.
Abigail jeta un coup d’œil à la pièce qui l’entourait. Un grand living room avec de grandes baies vitrées donnant sur le parc, un grand canapé de cuir blanc et différentes toiles ornaient les murs restant. La cuisine était contigüe par le long bar en bois et ses chaises hautes attenantes qui devaient certainement servir pour le petit déjeuner. La pièce était sobre, design et les toiles colorées donnaient de la chaleur à la pièce. Sur le grand balcon, une foule de plantes : hautes et minces, petites et touffues, moyennes et fleuries apportait une touche boisée et tropicales en note de fond.
L’inspectrice attendit que le jeune homme s’asseye et sur son invitation, s’assit à sa droite, la psychologue étant à sa gauche.
– Alors dites-moi Mesdames ? Qu’y a-t-il ?
– Je dois vous annoncer une triste nouvelle Monsieur… Vos parents, Ada et Joseph Lazarus, ont été victime d’un accident.
– QUOI ? COMMENT CA ? NON ! Ce n’est pas possible… Qu’attendez-vous pour m’amener à l’hôpital au lieu de perdre notre temps ici?
– Je suis sincèrement désolée Monsieur Lazarus, mais vos parents ne s’en sont pas sortis. Ils sont décédés sur le coup, ils n’ont pas souffert.
– NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !
Yves Lazarus avait hurlé sa dernière interjection. A présent il pleurait et l’on entendait plus que de gros sanglots rauques.
Abigail, touchée par sa détresse, lui tapota doucement l’épaule. Lui, encouragé par cette marque de bienveillance, enfouit sa tête contre le torse de l’inspectrice afin d’y puiser un maigre réconfort.
Helena jeta un regard peu amène envers la commandante, selon elle Abigail s’impliquait déjà trop. L’inspectrice Eleazar ignora les yeux perçants de sa collègue, et continua de bercer le jeune homme. Elle n’était pas femme à ignorer la souffrance et la douleur de la perte d’un être cher, et ce jeune homme la touchait de manière forte. Peut être n’avait elle jamais autant été touchée par la peine de quelqu’un. Cette affaire était décidément peu commune ! Yves Lazarus murmurait inlassablement la même phrase « ce n’est pas possible » tout en se balançant légèrement d’avant en arrière.
Quand les sanglots se calmèrent, Helena partit faire un thé au jeune homme pour l’aider à tenir le coup. Le commandant reprit donc son questionnement.
– Monsieur Lazarus, avez-vous perçu un changement chez vos parents récemment ?
– Non aucun. Je voyais mes parents deux fois par mois. Je montais souvent les voir au Bois d’Oingt, c’est un petit village entre Lyon et Villefranche-sur-Saône. Ils étaient très appréciés au village et dans le canton. Mon père était le maire et ma mère, femme au foyer. Elle peignait de superbes aquarelles du jardin. C’est elle qui m’a donné le goût pour la peinture. C’était des gens simples et heureux.
– Aucun de vos parents n’étaient d’une humeur triste, maussade voir dépressive ?
– Non. Vous n’avez qu’à voir les peintures de ma mère et la façon dont elle entretenait le jardin. Ca ne pouvait être qu’une femme heureuse, on sent ces choses là au travers des coups de pinceaux. Mon père vivait de choses simples, la pêche, la mairie, la pétanque au village.
– Savez-vous si Monsieur ou Madame Lazarus avait eu des différents avec une ou plusieurs personnes ? ou encore reçu des menaces ?
– Pas que je sache. Mon père était apprécié au village. Il a permit la rénovation des différents villages du canton, permettant l’essor du tourisme. Il souhaitait aussi rénover l’église d’Oingt pour en faire un lieu de retraite des moines franciscains, les moines mineurs des cordeliers qui ont donné la rue des Cordeliers de Lyon. Il a enrichit le canton, je ne vois donc aucune raison.
– Nous avons cependant des raisons de penser que l’accident puisse être d’origine criminelle. C’est pour cela qu’on nous avons besoin de tout élément susceptible de nous aider, même quelque chose qui ne vous semble pas important.
– Vous plaisantez ? Quel est le fumier qui aurait pu faire ca ?!
– C’est pour cela que j’aurais besoin que vous veniez au central afin qu’on enregistre votre déposition, cela pourrait nous être précieux dans notre enquête. Réfléchissez au moindre détail pour demain.
– Si c’est vrai, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider à emprisonner l’assassin de mes parents.
– Nous ne sommes pas encore sûrs que l’accident soit d’origine criminelle, mais nous ne voulons écarter aucune piste. Nous attendons encore des éléments de la police technique et scientifique pour en savoir plus et nous aiguiller sur nos recherches. Et cela commence par venir demain reconnaitre les corps de vos parents.
– Je ne peux pas ! Pas ca ! Ne me le demandez pas !
– Monsieur Lazarus, nous serons là pour vous aidez. Ma coéquipière Helena Maslow est psychologue, elle pourra vous aider dans cette épreuve si vous le souhaitez.
– Merci
Il avait dit cela dans un souffle, comme si l’air lui manquait, comme s’il n’avait plus de force pour lutter.
– Voulez-vous que Madame Maslow reste avec vous pour parler ?
– Non…Merci…
– Bien. Nous allons prendre congé alors. Je vous conseille d’appeler un proche afin de ne pas rester seul ce soir. Sachez que je reste bien sûr joignable à tout moment.
– Merci pour votre sollicitude Madame Eleazar. Madame Maslow.
– Je vous donne donc rendez-vous demain à 09h. Je vous conseille aussi de prendre une semaine de congé pour mettre en ordre les affaires de vos parents.
Les deux femmes prirent congés de Mr Lazarus après avoir donné les dernières informations pratiques pour la journée du lendemain et quittèrent l’immeuble.
– Abigail, vous vous impliquez trop !
– C’est ma manière de fonctionner, Helena.
– Tu donnes des informations dont tu ne t’es pas assurée de la teneur par la PTS *. Tu les envisages comme des victimes sans même émettre la possibilité qu’ils puissent être coupables en cas de meurtre avec préméditation.
– Avez-vous vu son visage Helena ? Ces émotions ne peuvent être feintes. C’est pour cela que je les ai dévoilées, pour m’assurer que mon flair ne me trompe pas. Et mon flair me dit que ce sont les pauvres victimes d’un quadruple meurtre avec préméditation.
– Nous verrons bien…
– Voyons Helena ! C’est vous la psychologue, un peu d’humanité que diable !
*PTS: Police Technique et Scientifique