L’aube se lève et petite fille à froid. Près d’elle, ses parents dorment dans leurs hamacs. Les gardes alentours sont préoccupés à autres choses ou dorment. Ce sont des hommes virils et forts, obnubilés par leur position défensive envers des ennemis potentiels, ils ne voient donc pas petite fille se lever. Celle-ci s’étire et encore endormie par la chaleur du sommeil va s’hydrater à la petite source de l’oasis. Elle pousse ses cheveux roux en arrière, défroisse sa robe blanche de lin et se penche pour boire.
Elle se relève et ouvre bien grand ses yeux vert émeraude. Elle s’émerveille de la beauté alentour. Elle relace ses bottines noires. A cet instant, elle aperçoit un groupe d’Agrion, fines libellules de couleurs diverses allant du rouge au bleu en passant par le gris. Le groupe s’arrête devant ses yeux, brusquement et la jeune fillette pousse un hoquet de surprise. A peine remis de sa stupeur, voilà que les Agrions repartent de plus belle et s’éloignent de l’oasis. La fillette émerveillée par ces créatures ailées les suit et s’aventure dans le sable encore froid par cette heure matinale. Ses pieds s’enfoncent mais elle continue sa course effrénée pour attraper les petites bêtes afin de les voir de plus près et caresser leurs jolies ailes translucides et mouvantes de couleur. Les minutes passent et elle commence à fatiguer. Elle est essoufflée et s’arrête une fraction de seconde… Les libellules s’éloignent…Elle reprend sa course et tente de rattraper son retard sur le groupe d’insecte mais ceux-ci s’éloignent inexorablement. Elle jette un dernier regard vers la convoitise du moment puis s’avoue vaincu quand ils disparaissent derrière une dune. A ce moment là, elle pense à rentrer, car la chaleur est apparut ainsi que sa soif. Elle veut encore que sa mère la prenne dans ses bras.
Petite fille tourne la tête, à droite, à gauche. Personne…
Elle regarde en l’air et voilà le ciel, si bleu, si azuré, et cette chaleur, si écrasante.
Et ce silence, si assourdissant !
Elle commence à comprendre… Elle est seule, seule et perdue.
La fillette retourne en arrière, mais ne voit rien à des lieues à la ronde. Elle ne reconnait plus cette dune devant elle, elle tourne, elle vire puis finit par s’arrêter.
Elle à chaud et commence à tituber puis finit par s’assoir et pleurer. De gros sanglots secouent son petit corps blanc. Elle renifle et repart de plus belle.
Tout à coup une rumeur se propage, un bruit sec et cliquetant… Elle s’arrête tout aussi soudainement qu’elle avait commencé de pleurer et regarde.
Une tempête de sable fonce droit sur elle, la petite se jette au sol, couvre de ses coudes son visage et ses oreilles et attend son heure. Le vent arrive, brûlant, cinglant, tournoyant. Les secondes passent, et à côté d’elle une ombre apparait, une présence se fait sentir, et le vent se calme. Elle relève le visage, vois un jeune homme, les cheveux blonds éclaircit par le soleil et le sable, la peau dorée, une tunique berbère et des sandales aux pieds. Un doux sourire flotte sur son visage, un sourire éternel…
– Tu es bien loin des tiens, jeune fille… Quel est ton nom ?
– Keela, sir.
– Enchanté petite colombe. Suis-moi…
Le garçon lui prend la main pour l’attirer à lui, puis se met en marche. Au sol, aucune empreinte de pas ne s’imprime sur le sol. La démarche du jeune homme est légère et lente.
– Tu vois Keela, le désert est un endroit magnifique mais dangereux. Pour pénétrer au cœur de son esprit il faut communier avec. Tu dois faire preuve de discernement ou le moindre pas peut t’être fatal. Ici tout est à l’extrême : la sauvagerie, la soif, le soleil, la beauté, le froid, la marche, la tempête, l’amour, le désir. Si tu ne prends pas garde tu bruleras tes petites ailes de fées.
– Toi tu es un peu tout cela à la fois n’est ce pas ?
Un sourire énigmatique se peignit sur le visage du jeune homme.
– Tu es perspicace, cheveux de feu.
– Tu m’expliqueras le secret ?
– Quel secret ?
– Le secret du désert…
– Tu penses que le désert à un secret ?
– Bien sûr, chaque chose précieuse à son secret. Le désert est aussi utile que l’Amazonie, l’un fait brûler la passion dans nos cœurs, il nous montre la voie de la pérennité, il est immuable et en même temps aussi changeant que les tempêtes de sable qui vont et qui viennent, il est notre essence ; l’autre est notre oxygène, celui qui nous libère, nous fait vibrer les narines, celui qui chasse nos soucis, nous apportant avec lui l’eau libératrice. Le secret de l’Amazonie c’est qu’elle est le poumon de la terre et de l’homme. Le désert quant à lui à un secret pas si facile à percer. Il n’est pas ce qu’on en voit au premier abord.
– Que penses tu donc du désert ?
– Le désert au premier regard est cruel, il est dur, presque calculateur. Il apporte la mort et la souffrance. Il apporte la peur. J’avais peur, j’étais dans un monde inconnu, il faisait si chaud, tout était lenteur. Je m’ennuyais à mourir, tout était pesant. C’était comme le néant. Puis soudain j’y ai vu la vie, alors j’ai voulu poursuivre ces libellules. J’étais transposée de joie. Et puis je me suis perdue, tout d’un coup le désert redevenait hostile, brouillon, primitif. Là, tu es apparut… Et tout à changer. Maintenant je n’ai plus peur !
– Pourquoi tu n’as plus peur ?
– Car la joie ou l’assurance arrive quand on ne s’y attend pas. Le désert est comme l’homme amer, il veut se rendre méchant pour établir une barrière, pour éviter de souffrir, il blesse. Tout deux se pensent seuls… Mais si tu prêtes bien attention nous ne sommes jamais seuls, c’est pourquoi tu es apparu, et tout comme le désert est plein de vie, l’homme amer cache de merveilleuses qualités. La personne qui n’a plus peur se rend compte qu’il n’y a jamais eu de barrières, et que nous sommes tous reliés les uns les autres. On ne peut pas haïr le désert.
Les reflets dorés dans les yeux du jeune homme qui ne cessait de se mouvoir, se posèrent enfin. Une larme traça un sillon sur la joue couleur miel de l’habitant du désert.
– Ainsi tu m’as compris ?
– On ne peut jamais comprendre quelqu’un on peut seulement tendre à se but en permanence. J’aime le désert comme je t’aime toi.
Le garçon ferma les yeux, ému par l’innocence et la maturité de la jeune fille.
– Nous sommes arrivés Keela… tes parents t’attendent.
– Thanxs sir.
Le berbère sortit une fiole remplie de sable de sa poche.
– Tu as percé le secret du désert, Keela, et en cadeau je te remets son essence.
Ne m’oublie pas une fois retournée parmit les tiens.
– Jamais, sir.
– Akenzawel
– De quoi ?
– Akenzawel, c’est mon prénom. Akenzawel al saharra.
Akenzawel déposa un baiser sur les lèvres rosées de Keela. Un baiser chaleureux, doux, eternel, comme une promesse.
Un tourbillon de sable apparut et le jeune homme recula dans cette apparition. Il devint comme un mirage et disparut.
Un murmure s’éleva à son oreille, tandis que les parents de Keela venaient de l’apercevoir.
– Keela, oh my god, where have you been? I was so worried! What do you have in your hands?
– L’essence du désert, un bout de son âme.
– What do you ? And what gave you that ?
– Akenzawel al saharra
– Who is this boy?
– C’est le garçon que j’aime…
– Why?
– Par ce qu’il est le désert…
Parce qu’il est le désert…