Un autre jour commence et c’est pour moi la même rengaine. Lever, boulot, vélo, dodo ! Bref rien de bien intéressant. Le seul truc qui me passionne dans la vie, c’est le tae kwon do…et ma mère (mais ça c’est un secret !). Ca le fait pas de dire à d’autres qu’on s’entend bien avec sa mère, tout de suite on te prend pour un gamin arriéré, qui n’a pas sut sortir des jupes de sa mère ! Moi ce n’est pas mon cas, bien que je sois toujours sous des jupes…mais pas celle de ma mère ! Si vous voyez ce que je veux dire…
Et là, il a fallut que mon sabom m’impose de faire de l’escrime ! Je vais encore avoir droit à un vieux croulant ou au contraire un jeune fou désireux de faire ces dents sur un novice comme moi. En plus, ça aurait du être Martin à ma place, c’est lui le meilleur, quoi qu’en dise mon maître, je n’ai pas la voie, je ne suis pas assez bien pour ça.
Bien sur ça, je suis le seul à le savoir puisqu’avec mon maître je suis toujours avenant. C’est bien normal, j’éprouve une vénération sans borne pour lui.
Enfin, je m’écarte du sujet, j’étais entrain de me lamenter tout en marchant sur le chemin de la salle d’escrime. Je suis un peu en retard et je presse le pas. Manque de bol je percute un pauvre naze qui s’est mis sur mon chemin. Mais quel gland ce mec !
« Hey ! »
Tiens, je crois que c’est l’autre type qui n’est pas content que je l’ai bousculé. Pour la forme je lui balance un vague « Désolé mec ! ».
J’arrive enfin à la salle et je descends la première volée de marches. Je me dirige vers la baie vitrée qui montre le sous-sol. C’est une grande salle, des fils pendent du plafond par ci par là, et des pistes avec des marquages au sol sont indiquées. Il n’y a personne…Bizarre ! J’espère que le type ne s’est pas barré en ne me voyant pas venir ! Manquerais plus que ça ! Je fais un demi-tour et retourne légèrement sur mes pas, pour prendre l’ascenseur ! Mieux vaut ne pas se perdre dans ce complexe sportif !
Un bip sonne et la porte s’ouvre.
Je sors mais ne voit toujours personne.
Je décide malgré tout de me changer et mettre ma tenue de sport. Bien sur je n’avais pas vu qu’à travers la vitre une silhouette qui me regardait.
Grrr ! Bien sur, ça aurait été trop beau s’il y avait eu un vestiaire ! J’espère qu’au moins il y a des douches !
Toujours personne…
Je commence donc à m’échauffer seul. Les tours de pistes ça me connaît !
Je n’entends pas la porte qui s’ouvre et la personne qui se faufile à l’intérieur de la salle.
Enfin, j’entends une exclamation
« C’est très bien ! Je vois que je suis face à quelqu’un de sérieux ! Sans gêne mais sérieux ! »
A ces mots je me retourne et je vois un gars, 1m80, ma taille quoi. Il doit avoir la vingtaine. Une fille aurait sûrement dit de lui qu’il était canon, les cheveux bruns, presque noirs, des yeux bleus marine (moi perso, j’avais jamais vu des yeux bleu marine et bien je peux vous dire que ça m’en a bouché un coin !), quelques taches de rousseurs piquettent son visage, son nez est droit et fin. Mais ce qui me choque le plus n’est pas son physique, non, mais son regard : droit, fier et sérieux. Je semble le détailler plus que de raison puisqu’il se met à courir avec moi sans attendre ma réponse.
De tout manière, même si ce qu’il ma dit ma fait bouillir, il n’a pas tort !
On court tout les deux, et sa foulée est très longue et très souple, la mienne est plus courte mais plus rapide. On forme un duo bien hétéroclite, mais je remarque très vite que ce type a de l’endurance ! Bon, le point positif c’est qu’il ne doit pas être trop nul dans sa discipline et que ce n’est pas un vieux croûton !
Je vous ferais grâce de la description de mon échauffement, elle n’est pas très intéressante mais très semblable à tous les échauffements.
« – Très bien, je pense que ça ira pour l’échauffement ! Passons à l’exercice suivant veux-tu.
– Hum.
– Touche-moi !
– Pardon ??
– J’ai dit, touche moi ! Si tu y arrive bien sur »
Mon sang ne fait qu’un tour sous la provocation ! Ce naze ose ? Et bien qu’il ose, il va voir ce qu’il lui en coûte ! Je m’approche de lui saute en l’air et vais pour lui envoyer un coup de pieds en plein dans la poire …mais ce n’est pas vraiment l’effet qui ce passe ! Non, le gars n’était plus à sa place et je me suis encore vautré par terre ! Deuxième fois de la journée ! L’autre a le culot de rire ! Mais je vais le tuer ce petit con !
Deuxième tentative, deuxième échec. Il bouge tellement vite, c’est incroyable.
Un quart d’heure passe et je n’y arrive pas, et pourtant j’ai tout essayé.
L’autre soupire, un air résigné sur le visage ; ça doit être signe chez cet être placide de son profond énervement.
« – Je t’ai dit de me toucher, pas de me frapper ! T’es bien un mec, tu fonce comme un taureau, sans aucune subtilité. Met toi en garde ! On va inverser les rôles ! »
On se met face à face, comme un chien de faïence…et le temps semble suspendre son cours. Il s’élance, se déplace vers ma gauche, mais sa jambe droite semble se diriger vers la partie basse de l’autre hémisphère de mon corps, alors je saute pour éviter le subterfuge. Mais à peine je suis entrain de finir mon saut, qu’une main s’élève et effleure mon visage. Ses doigts sont glacés et je frissonne un instant déstabilisé par la vitesse et la précision du mouvement. Mon regard reste fixe une fraction de trop pour ma joue gauche qui se prend une baffe retentissante !
« – Fin de la leçon ! »